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18 décembre 2006

A Bluetiful Day !

Où fuir dans la révolte inutile et perverse?
Je suis hanté. L'Azur! l'Azur! l'Azur! l'Azur!

Ces deux vers constituent la chute finale du poème célèbre de Stéphane Mallarmé : L'AZUR que je donne à lire dans son intégralité :

De l'éternel azur la sereine ironie
Accable, belle indolemment comme les fleurs,
Le poëte impuissant qui maudit son génie
À travers un désert stérile de Douleurs.
 
Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde
Avec l'intensité d'un remords atterrant,
Mon âme vide. Où fuir? Et quelle nuit hagarde
Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant?
 
Brouillards, montez! Versez vos cendres monotones
Avec de longs haillons de brume dans les cieux
Qui noiera le marais livide des automnes
Et bâtissez un grand plafond silencieux!
 
Et toi, sors des étangs léthéens et ramasse
En t'en venant la vase et les pâles roseaux,
Cher Ennui, pour boucher d'une main jamais lasse
Les grands trous bleus que font méchamment les oiseaux.
 
Encor! que sans répit les tristes cheminées
Fument, et que de suie une errante prison
Éteigne dans l'horreur de ses noires traînées
Le soleil se mourant jaunâtre à l'horizon!
 
- Le Ciel est mort. - Vers toi, j'accours! donne, ô matière,
L'oubli de l'Idéal cruel et du Péché
À ce martyr qui vient partager la litière
Où le bétail heureux des hommes est couché,
 
Car j'y veux, puisque enfin ma cervelle, vidée
Comme le pot de fard gisant au pied d'un mur,
N'a plus l'art d'attifer la sanglotante idée,
Lugubrement bâiller vers un trépas obscur...
 
En vain! l'Azur triomphe, et je l'entends qui chante
Dans les cloches. Mon âme, il se fait voix pour plus
Nous faire peur avec sa victoire méchante,
Et du métal vivant sort en bleus angelus!
 
Il roule par la brume, ancien et traverse
Ta native agonie ainsi qu'un glaive sûr;
Où fuir dans la révolte inutile et perverse?
Je suis hanté. L'Azur! l'Azur! l'Azur! l'Azur!

Bluetiful_day0145

Commentant ce poème, Jean-Michel Maulpoix esquisse avec des traits arachnéens un premier  portrait du poète en ces termes:

"Tel serait le premier portrait d'un Mallarmé exaspéré par le réel et dévoré par l'Idéal à un moment où celui-ci a épuisé ses noms d'emprunt: Dieu, peuple, progrès, Beauté même. L'Azur se réduit à son nerf : le « filigrane bleu de l'âme », tel qu'un peintre chinois en dessine la fleur sur des tasses de porcelaine. La poésie continue de réclamer autre chose, mais elle sait que c'est en vain, et pour rien. Mallarmé surgit au stade terminal du lyrisme romantique : il le mènera jusqu'à l'aphasie, après que Rimbaud lui aura fait rendre son dernier « couac »."

Pour accéder à la totalité de cet article, cliquez ici

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Commentaires
M
Jamais la poésie ne cessera de demander aux petits d'homme et de femme de polir leurs mots au quotidien pour y faire,jusqu'au dernier souffle, chanter leur coeur et danser leur âme.<br /> <br /> michel.
M
Pour avoir<br /> Depuis longtemps<br /> Chanté sa Mère<br /> C’est fragile et nue<br /> De ses futures saisons<br /> Pour sa première nuit<br /> Celle du grand solstice<br /> Qu’Elle est venue<br /> Honorer ma maison<br /> Frémissante d’amour<br /> Et de compassion<br /> Pour tout ce qui vit<br /> Sur cette terre<br /> Mon gentil passeur<br /> Écoute gronder<br /> Les chevaux du soleil<br /> Les naseaux dilatés d’impatience<br /> Roulant comme une vague<br /> D’un bord à l’autre de l’aube<br /> Les temps sont venus<br /> Je ne puis davantage les retenir<br /> Surtout n’oublie pas de dire<br /> Aux petits d’hommes et de femmes<br /> Que vient vers eux<br /> Une année nouvelle<br /> Où tout est possible<br /> Pour peu qu’ils réapprennent<br /> À dire à la vie<br /> Et à leurs semblables<br /> Je vous aime
K
Bleu azur en source des cieux ...
P
Cher Abou,<br /> Je suis mal armé pour soutenir la comparaison avec Mallarmé !<br /> Cordialement...
A
Étrange le contraste entre l'azur mallarméen et l'azur photoeillen. C'est une idée très subjective et donc éventuellement fausse que je vais exposer :<br /> L'Azur, chez Mallarmé, ne me semble pas, comme Jean-Michel Maulpoix essaie de l'interpréter, un filigrane bleu de l'âme. Je sens même que le bleu n'est investi dans le poème que parce qu'évoquant l'azur. Je crois que l'azur par quoi est hanté Mallarmé est à redéfinir en oubliant qu'il réfère à l'horizon bleu, qu'il réfère au bleu ou à une quelconque couleur. La théorie romantique n'est pas inadéquate cependant : l'azur peut très correspondre à l'absolu romantique, à 'la fleur bleue' (bleue, oui, mais c'est l'expression novalissienne qui importe non la couleur de la fleur) que tout poète sent en lui et hors de lui, en lui comme hantise et vérité définitoire de l'être, et hors de lui comme aspiration qui obsède le poète mais qu'il se sent ou se sait incapable de réaliser. Fuir l'Azur donc, c'est fuir un impossible en invoquant un Pouvoir créateur d'autres impossibles : la poésie.<br /> Le bleu photoeillen, quant à lui, illustre l'azur accessible par une toute autre poésie. C'est l'Azur ré-enchanteur. Regardez l'enivrante photographie où le bleu de l'azur est délicatement étreint par l'arbre et, justement, par le regard du photographe-poète. La hantise du bleu se trouve pour ainsi dire figée et substance d'éternité, du coup vivante tout en étant relique du temps, relique d'horizon. Magnifique est l'entreprise ré-enchanteresse de Photoeil : ce que le romantique, assoiffé et, en même temps, apeuré par la bleuité de l'infini, cherche à inhiber pour en ressentir, selon moi, le mystère intérieurement et donc enchanter sa propre âme, le photographe-poète le dé-compose et fait de son propre enchantement créatif l'élément qui réenchante le monde de celui qui regarde la photo.<br /> Autrement dit, et en guise de conclusion, l'Azur que Mallarmé cherche à fuir, Photoeil arrive à l'enfouir. Il l'enfouit pour mieux le faire jaillir, pour le rendre - grâce au bleu selon moi absent chez Mallarmé – Ciels vivants de bleuité, lendemains toujours évocateurs, toujours prometteurs.<br /> <br /> Bravo, cher Photoeil !!!!!!
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