Pour ce centième billet de photoeil, il m'a semblé opportun de mettre en ligne une petite sélection d'images d'une randonnée mémorable dans le Mgoun. C'est le deuxième sommet du haut Atlas central. Il culmine à 4068 mètres. Le massif du Mgoun offre au randonneur des paysages sauvages et variés. Les eaux de la rivière qui porte son nom ont taillé et creusé,au milieu d'impressionnantes parois vertigineuses, de profondes gorges. Nous étions un groupe constitué en grande majorité de photographes. Nous avions engagé un guide professionnel, un cuisinier et des muletiers. Nous avions choisi de faire une boucle de 10 jours de marche autour du Mgoun (afin de ne pas revenir sur nos pas). Nous avions opté dès le départ pour un parcours pieds dans l'eau. Mais il y avait quelques cols à franchir à notre menu. Point de départ: Tabbant. Point ultime du parcours en direction du sud: Bou Taghrar à 70 kilomètres de Qalaat Mgouna où a lieu début mai de chaque année le célèbre festival des roses.
Si vous ne craignez pas les jnouns (= djinns), cliquez sur chaque image
J'ai mis le reste des images dans l'album Trek dans le Mgoun. Cet album sera étoffé par d'autres images au fur et à mesure que seront scannées les diapositives de cette randonnée.
Par la même occasion, j'ai rendu accessibles les images d'une autre virée dans l'Atlas : album Trek dans la Tassaout. Que demande le peuplier ?
Pour le retour, nous avions préparé un petit sac pour les fruits, un autre pour les sandwichs afin de pique niquer sur la route. Mais il soufflait un vent violent et glacial. Nous avons fini par trouver refuge au "Café du thé". Comme son nom l'indique, la carte se limite strictement au thé vert: ni café, ni soda, ni jus de fruit...Et aucune commodité : ni lumière, ni toilettes..., juste quatre murs sinistres! En dehors du gérant monothéiste, il n'y avait pas âme qui vive! Le thé était brûlant, amer et noir comme un café! A la réflexion, c'était un panaché!
A proximité des aires pour bivouac, certains aubergistes ont aménagé des espaces toilettes-douches. Probablement des kits importés de l'étranger. Avec le temps et l'avancée irrémédiable du sable, ces installations deviennent caduques. Le sable s'insinue de partout, bouche les trous d'évacuation et remplit les vasques des lavabos... Les musulmans ont depuis longtemps trouvé la parade à ce problème puisque quand l'eau fait défaut, ils peuvent faire leurs ablutions rituelles avec du sable!
Aux couleurs de la nuit
vous chantez doucement.
Du noir sur le noir
voilà ma complainte.
Je trouverais de l'espoir
dans un seau de goudron.
Vous êtes les petits temples
incertains
de la certitude,
vous êtes des nids de poussière
tout juste bons
à étouffer le cri
pour quelque temps.
Je joue tout seul
sans partenaire,
ne fermez pas les yeux,
je vous parle peut-être
mais je n'en suis pas sûr.
Objets de pauvreté
vous êtes ma richesse
au cœur du désespoir.
Chaque chose a son histoire
elles parlent entre elles
pour raconter la mienne.
Vous êtes cadeaux d'abandon
cloués de parcelles de joie
en éclats brefs.
Fragiles animaux
en vos frêles bicoques,
vous jouez à des jeux idiots,
la tristesse et la douleur
n'en sont pas absentes.
Vous jouez avec moi,
et je joue avec vous,
ceux qui nous regardent
ont quelquefois
le sourire aux lèvres
alors nous avons gagné
au jeu de la vie.
Nous avons gagné un tour de plus.
De-ci de-là couci-couça
objets précaires vous parlez pour moi,
aujourd'hui j'ai envie de me taire.
L'alphabet des choses parle pour moi.
Bouche cousue
je vous parle en aveugle,
bouche cousue.
Silencieux est l'alphabet des choses,
c'est un spasme immobile
gelé par la colle.
Ce sont objets d'abandon,
bouquets de débris,
ce sont les murmures de l'errance,
travail des mains folles,
en crises.
Objets du hasard
je cherche un chemin
qui n'existe pas
dans une ville inconnue.
Des jalons pour demain
s'il veut bien exister.
Vous n'avez pas de sens
si ce n'est celui de ma tendresse.
Image d'enfance à jamais perdue.
Vous n'avez pas de sens
si ce n'est par vous
de retrouver l'étincelle
dans le regard de mon amie.
Beaux à mes yeux
comme un sourire dans un hôpital ;
fait de rien
fait de tout.
Vous êtes ma raison
vous êtes ma folie.
Vous êtes le fil sur lequel je marche
pour aller je ne sais où.
Un jour dans l'autre
attendant le miracle.
Je vous fais
je vous défais,
il n'est pas quotidien
loin s'en faut,
il est l'aumône
que la vie me fait parfois.
Je vous trouve comme
on vous a perdus,
pour chercher quelque chose
couleur d'imprévu.
Par un geste parfois
j'aide à votre rencontre.
Je scelle par un sourire
le mariage de la carpe et du lapin.
Louis Pons, extraits de "L'objet et le reste",
réédition Fata Morgana, 2008.
En fin de journée, il est pratiquement impossible de trouver un petit pan de dune jaune exempt de toute empreinte humaine ou animale. Pour que les dunes retrouvent un tant soit peu leur fraîcheur virginale et leur superbe, il faut laisser la nuit au vent pour qu'il oblitère toute trace... Ce matin, nous avions comme objectif d'atteindre la plus haute dune. Je prenais les devants pour bénéficier de lignes de crêtes non piétinées.
Chemin faisant, j'ai aperçu au loin sur le flanc de la dune opposé au soleil un jeu d'ombre et de lumière qui évoque une figure humaine de profil.
Comme je vous l'avais signalé dans un billet précédent,
le désert peut être exceptionnellement bien arrosé par les pluies et
fleurir de toute beauté. Mais, ce n'est pas toujours le cas. Sur la
durée, c'est l'eau qui fait cruellement défaut. Mais il arrive que des
pluies diluviennes suivies de tempêtes emportent tout sur leurs
passages. C'était le cas dans la nuit du 26 au 27 mai 2006. Plusieurs
maisons et auberges furent rasées de la carte. On peut se faire une
idée de l'importance des dégâts ici.
Les images qui vont suivre ont été faites fin décembre 2008. Elles
montrent ce qui reste d'une auberge de charme qui était tenue par une
italienne. On peut apprécier l'état des lieux avant la catastrophe ici . Il était question de restaurer ce riad courant 2007 mais la propriétaire a fini par jeter l'éponge et regagner l'Italie.
Pour entrer en résonance avec les images, j'ai emprunté, avec son aimable accord, un poème de Nicolas Vasse intitulé : Symphonie n°1 Troisième mouvement : Le Chaos
A l’origine un seul instant tordait son feu sur
diverses latitudes A l’origine l’ombre n’existait pas le noir ne
portait ni son nom ni sa robe A l’origine une pupille de lumière une fissure dans
l’unité
Alors l’on c’est-à-dire nous les hommes nous nous
emballons
Nous sans autres désirs que d’être sans mort nous
pensons
Au paradis à l’enfer à l’entre-deux ou même au vide
au noir
A l’origine l’ombre n’existait pas le noir ne
portait ni son nom ni sa robe
Mais de tant de siècles de tant de naissances et de
morts de tant de nous
Il ne restera pas même un grain de quartz dans le
sable pas même une larme dans la mer
A l’origine une pupille de lumière une fissure dans
l’unité
Le soleil laissera tant de nous l’ombre couvrira nos
mots d’une grande seconde
D’une escorte de tempêtes d’éclairs et de nuages
gonflés furieux
Mais de tant de siècles de tant de naissances et de
morts de tant de nous
Il ne restera pas même une langue pas même une
pensée pas même un système
A l’origine un seul instant tordait son feu sur
diverses latitudes
Sans cesse paroles sincères peu ou prou peu importe
sans cesse des mots perdus
Des mots sans parents des mots orphelins sans cesse
ils veulent y revenir
A l’origine à l’instant de lumière des mots d’enfants
sur un linceul déjà pendu séché
Sans cesse volubiles dans une toile de rues dans un
chagrin de désespoir et perdus
Des orphelins qui pleuraient l’origine le tout la
matrice des mondes le premier son
Dans ce silence de fou de ruines de châteaux lactés
de mines à ciels ouverts
Dans ce silence de moribonds ils parlaient de
mystères de clés d’énigmes
Des orphelins cherchaient un sens et des mots où
jeter leur rêve du premier son
A l’origine un seul instant tordait son feu sur
diverses latitudes
A l’origine l’ombre n’existait pas le noir ne
portait ni son nom ni sa robe
A l’origine une pupille de lumière une fissure dans
l’unité
Quelques danseurs naissent différemment loin de la
douleur loin de l’angoisse
Quelques danseurs amènent un ventre rayonnant un
soleil parmi les astres
Quelques danseurs éclatent de rires et lancent des
instants de lumière
Ils jouent d’instruments exotiques et passionnants
ils jouent différemment
Et sous un arbre à l’abri les millions d’orphelins
écoutent et se rappellent
Ecoutent et entendent le seul secret et la seule
musique du premier son
Ils jouent d’instruments à vents et à cordes et les chevauchent
comme mages mongols
Ils dansent aux yeux de tous et tendent des millions
de mains des millions de cœurs
Comme autant de traits à l’éclat de rubis dans l’ombre
qui avance une robe si noire
Les pierres remplissent les cascades l’eau meugle
infernale se disperse en terre
Les pierres démunissent les montagnes les temples
les coffres à jouets
Les pierres se dévissent s’en vont laissent passer l’air
sereinement roi
Les oiseaux tus le silence apparaît intangible et
végétal
Alors l’on c’est-à-dire nous les hommes nous nous
emballons
Nous sans autres désirs que d’être sans mort nous
pensons
Au paradis à l’enfer à l’entre-deux ou même au vide
au noir
Quand nous ne serons plus quand la pluie lavera nos
restes
Nous ne penserons plus nous serons nullipares
Nous sans autres désirs que d’être sans mort nous
saurons
Qu’à l’origine il y avait un silence avant la
symphonie
Rien de plus et nous errerons orphelins curieux
abrutis
Nous dandinerons allègrement d’en savoir un peu plus
Sur cette danse au ventre rayonnant nous nous emballerons
Des confiseries aux couleurs de printemps et d’été
Des alcools d’hiver et des souvenirs d’automne
Sur cette danse au ventre rayonnant nous nous panserons
Mais de tant de siècles de tant de naissances et de
morts de tant de nous
Il ne restera pas même un grain de quartz dans le
sable pas même une larme dans la mer
Cliquez sur les images pour les voir en plus grand
Littéralement ou étymologiquement, la photographie est écriture avec la lumière. Dans certaines pratiques comme celles du Light Graffiti, le dispositif adopté maintient,dans un environnement sombre, l'appareil photo fixé sur un trépied et c'est à la faveur d'un long temps de pose que l'opérateur va essayer d'enregistrer des trainées lumineuses au moyen d'une lampe torche (cliquez sur le lien supra pour plus de détails). Les possibilités de cette technique sont infiniment amusantes et variées. Dans la série d'images qui suit, ce dispositif classique est inversé: l'appareil photo est libre de toute attache, ce qui permet d'opérer à main levée. En revanche, la source lumineuse est fixe puisqu'il s'agit tout bonnement du soleil (au moment de son coucher). Quand j'ai réalisé cette pellicule (film négatif), je n'ai pensé à aucun moment faire du Light Graffiti puisqu'il ne s'agissait pour moi que d'un exercice sans prétention qui s'inscrit dans la série expérimentale faite de manière aléatoire au moyen de la manivelle de rebobinage (petit rappel technique et diaporama du corpus disponible ici ). Il est certain qu'avec un peu plus de dextérité et de souplesse dans le mouvement, on puisse réaliser des oeuvres intéressantes! Alors, ça vous dit d'aller taquiner le soleil ?