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11 janvier 2008

Un astre, entre les herbes et le sable

Entends la mémoire du sang qui s'éteint, la longue
incohérence de la parole. Entends la terre taciturne.
Tout est furtif, les ombres inaccueillantes. Nul jardin
de secrets. Nulle patrie entre les herbes et le sable.
Mais où donc jaillissent l'ombre et la clarté ?

triptyque_her
Voici les coteaux de la terre aride et noire. Qui
reconnaît l'équilibre des évidences sereines ?
Ces mots ont une odeur de portes souterraines.
Comment dominer la démesure de l'absence et le vertige ?
Comment rassembler l'obscur dans l'évidence des mots ?

diptyque_her
Ecoute, écoute la longue incohérence de la terre
et de la parole. Tout au long de la distance
murmure la monotone perfection d'une mer.
Par oublieuse pudeur un astre se fait velours
d'un bleu profond dans la corolle du silence.


Antonio Ramos Rosa

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Commentaires
P
Voilà ce qu'en dit Chantal Colomb à propos du poète :<br /> "(...)de quoi est-il question dans la poésie d'António Ramos Rosa sinon d'habiter le monde «en le transformant en diaphane oasis» (AT, 49) ? «Le besoin d'abri nous pousse à bâtir une maison habitable», écrit-il dans A la table du vent (73), et contre toutes les forces qui s'opposent à l'édification de cette demeure, le poète invoque le langage : «Que les mots soient un mouvement où le silence / se propage à l'espace en vagues révérences / pour que l'aspiration à l'ardente unité / trouve l'ample respiration d'une poitrine aérienne» (73). C'est le poème, lequel dans le recueil revêt la forme d'une frêle embarcation pouvant transporter l'homme vers cet «espace de la clairvoyance aimante / que la proue verte du poème vient ouvrir», qui constitue, avec l'amour également célébré, un moyen privilégié d'accès à l'unité et à l'être car cette quête de l'espace originel se double d'une quête ontologique. Mais dans A la table du vent, la modalité interrogative est très présente, traduisant l'angoisse existentielle d'un homme pour qui l'espérance de bâtir est «précaire» (87), ce que connote la métaphore de la barque. L'espace que délivre le poème, s'il est de silence, est aussi de transparence. Dans l'ouverture que permet le poème, l'homme cesse d'être étranger à lui-même tandis que corrélativement le monde cesse de lui être extérieur. Le poète quitte l'ordre de la représentation pour accéder à la vision : «La transparence règne dans le vide d'un temple abandonné. Je vois, je suis une sorte de firmament de blanche fermeté.», note Ramos Rosa dans Le dieu nu(l) (28). Les dieux ont déserté le temple et, si le phénomène que décrit ici Ramos Rosa s'apparente à une extase, ce ne peut être que celle d'un mystique sauvage, car António Ramos Rosa a déclaré très clairement : «Je ne crois pas à Dieu»4. Si union il y a, ce n'est pas celle d'un homme à un dieu mais celle du poète à la terre, à la nature, une union qui permettrait d'atteindre à «un équilibre circulaire / où il n'y a ni dedans ni dehors» (LI, 103). Être «l'unité dans la différence» (LI, 45), c'est abolir la séparation grâce à la vision que favorise l'écriture poétique lorsque celle-ci libère des contraintes et de la représentation. Mais lorsque le poète veut décrire ce qu'il voit, apparaissent des évocations de la transparence, de la blancheur ainsi que du vide et du néant, car comment dire sans représenter ? Le poète se trouve confronté à l'indicible : «Les mots se courbent et battent dans l'immobilité / pour dire l'ardeur du néant comme si c'était l'être» (LI, 84). L'écriture poétique comme expérience ontologique est au bord de l'impasse : «L'inexorable expérience est indicible» (LI, 84) ; l'être dans son silence et sa vacuité échappe à la parole du poète. Certes des poèmes tels que ceux du Livre de l'ignorance peuvent faire penser à Heidegger, mais il convient de ne pas négliger le rôle que joue la matière dans l'accès à la vacuité de l'être, car pour Ramos Rosa, c'est la terre qui peut délivrer le vide : «Comme une paupière unique la parole sÕéloigne / jusqu'à ce que surgisse la source vide sous les pierres» (LI, 89). Et l'homme ne peut accéder à son être que dans ce retour à «la source vide» cachée au cÏur de l'espace matériel. Esprit et matière doivent coïncider dans l'abolition des contraires que permet la vision poétique.<br /> <br /> En choisissant l'imaginaire plutôt que la raison, l'ignorance plutôt que la connaissance, António Ramos Rosa a tenté une percée vers un être qui ne serait pas celui d'un homme séparé de la matière mais au contraire uni à elle. A travers les nombreuses images qui transforment l'homme en végétal, minéral ou animal, s'affirme la conviction qu'il ne s'agit pas de définir une identité séparée de l'homme car la véritable identité est à chercher dans sa filiation avec la terre. L'être auquelaccède le poète parvenu à l'ignorance et à la perception de la lumineuse vacuité originelle est un être commun à l'homme et à la matière, ce qui revient à dire qu'il est vain de dissocier corps et esprit, plein et vide, dehors et dedans. Telle est la sagesse délivrée par la poésie d'António Ramos Rosa."<br /> <br /> Que la Lumière baigne tes lectures...
M
L'Ami, je viens de commander "Respirer l'ombre vive" et "Clameurs". Je pense que ce n'est qu'un début (rires)<br /> Amitiés.<br /> <br /> michel
P
une prière rogatoire! Il a fini vraiment par pleuvoir! Et j'ai passé toute mon après midi à patauger comme un gamin...
F
... tant désirées... je vois que tu les as trouvées ! Je n'ai pas retenu le soleil mais je me suis brûlé les yeux aux corps ardents et calcinés des sculptures de Giacometti, à Paris, cet après-midi. Voyage éclair... éclairant aussi ! Amitié
M
Encore un moment où le coeur et l'esprit se désaltèrent. Merci.
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