Eclat de rides

Par quelle déchirure
voie de violence et de sang
tu es entrée
Soif
dans ce corps sans ombre ?
Vite une oasis
un puits
une trêve.
La mort le rire aux côtes
le rire aux griffes
lance ses vautours
sur mes épaules nues.
Si je tombe le soleil frappe
et des serpents de routes m'assaillent
et dévoilent mes caravanes.
Si je tente vers le ciel
un cri de rage et d'agonie
mon appel se perd
                   dans le silence
toujours plus fort
                   que la tempête.
Mais allié au piège des sables mouvants
mon cri rend impraticable
le chemin de l'oubli.

Rachida Madani (2006) Blessures au vent, Clepsydre, éditions de la différence.

Cliquez sur les images pour les voir en grand !

Comments

[Mathilde]

Oublier c'est un peu se détourner de soi, le but n'étant pas d'engranger, mais dépasser, cris, violence, rage et agonie. Les déchirures s'amenuisent et laissent ces rides si belles, sable ou visage, qu'importe, elles sont le reflet d'une vie. Le laisser d'un héritage.

[too banal]

Le recueil de poèmes de Rachida Madani est marqué par une écriture féminine très combative pour ne pas dire militante avec mise à l'index de la méchanceté du mâle et dans nos contrées, cela fait du bien!

[michelgonnet]

Encore une promenade en perspective du coté des éditions de la différence (sourire) Merci l'Ami.

michel.

[Francoise]

Très beau texte de Rachida Madani, très fort.
L'oubli ? on n'oublie jamais, on met juste dans un coin de son coeur pour éviter de souffrir...

[mima]

Tente berbère bientôt désagrégée, retournant à la terre mère, ensevelissant dans le sable: naissances, enfances, mariages, funérailles, presque un siècle de tranches de vie, bientôt l'oubli ...
Oh non!
Tout près s'est dressé un nouvel espace, tissé de fils tout neufs, où générations et générations chanteront, danseront, mangeront et prieront en mémoire des êtres aimées disparus, toujours là, si près; ici, maintenant, à jamais...
Souffle d'éternité?