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18 novembre 2006

Lentilles-lignes-liens

Michaux  ce grand poète passé à la peinture ou ce grand peintre venu de l'écriture justifiait dans Emergences-Résurgences son incessant va-et-vient entre les deux médiums en ces termes :

"Moi aussi, un jour, tard, adulte, il me vient une envie de dessiner, de participer au monde par des lignes.

Une ligne plutôt que des lignes. Ainsi je commence, me laissant mener par une, une seule, que sans relâcher le crayon de dessus le papier je laisse courir, jusqu'à ce qu'à force d'errer sans se fixer dans cet espace réduit, il y ait obligatoirement arrêt. Un emmêlement, ce qu'on voit alors, un dessin comme désireux de rentrer en lui-même.

(...)C'est la peinture chinoise qui entre en moi en profondeur, me convertit. Dès que je la vois, je suis acquis définitivement  au monde des signes et des lignes. Les lointains préférés au proche, la poésie de l'incomplétude préférée au compte rendu, à la copie.

Michaux

Les traits lancés, voltigeants, comme saisis par le mouvement d'une inspiration soudaine et non pas tracés prosaïquement, laborieusement, exhaustivement façon fonctionnaires, voilà qui me parlait, me prenait, m'emportait.

(...)Si je tiens à aller par des traits plutôt que par des mots, c'est toujours pour entrer en relation avec ce que j'ai de plus précieux, de plus vrai, de plus replié, de plus "mien", et non avec des formes géométriques, ou des toits de maisons ou des bouts de rues, ou des pommes et des harengs sur une assiette; c'est à cette recherche que je suis parti.

Difficultés. Enlisement. "

L'écriture photographique qui use de la lumière en lieu et place des outils du dessin ou de la peinture peut connaître les mêmes errances, les inévitables enlisements, éprouver les mêmes difficultés et se hasarder dans l'univers des surprises...

L'image photographique qui va suivre est issue de mes dérives récréatives...

Je vous l'offre en hommage à Michaux qui m'a appris entre autres que celui " Qui cache son fou, meurt sans voix".

lentilles_germees

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12 novembre 2006

Patience, patience, patience dans le désert!

Palme

De sa grâce redoutable

Voilant à peine l’éclat,

Un ange met sur ma table

Le pain tendre, le lait plat ;

Il me fait de la paupière

Le signe d’une prière

Qui parle à ma vision :

- Calme, calme, reste calme !

Connais le poids d’une palme

Portant sa profusion !

Pour autant qu’elle se plie

A l’abondance des biens,

Sa figure est accomplie,

Ses fruits lourds sont ses liens.

Admire comme elle vibre,

Et comme une lente fibre

Qui divise le moment,

Départage sans mystère

L’attirance de la terre

Et le poids du firmament !

Ce bel arbitre mobile

Entre l’ombre et le soleil,

Simule d’une sibylle

La sagesse et le sommeil.

Autour d’une même place

L’ample palme ne se lasse

Des appels ni des adieux…

(…)

Paul Valéry, Charmes, Bibliothèque de la Pléiade, Tome I, pages 153-156.

palmesX9web

11 novembre 2006

Il arrive qu'il pleuve et qu'un lac se forme...

dunes_et_lac

2 novembre 2006

L'Amour est ma religion et ma foi

J'ai choisi cette image pour illustrer une ode d'Ibn Arabi. Cet andalou né à Murcia en 1165 et mort à Damas en 1250 était poète, philosophe et l'une des grandes figures du soufisme de son temps. Ce poème est extrait de son recueil " Le chant de l'ardent désir" (Tourjoumân al-achwâq ).

dunecielnuage

La traduction française de cette ode intégrée en caractères arabes à l'image est la suivante :

Auparavant, je méconnaissais mon compagnon

Si nous n'avions la même croyance.

A présent, mon coeur est capable de toute image :

Il est prairie pour les gazelles, cloître pour les moines,

Temple pour les idoles,  Kaaba* pour les pèlerins,

Tables de la Thora et livre saint du Coran.

L'Amour seul est ma religion,

Partout où se dirigent ses montures

L'Amour est ma religion et ma foi.

( * Kaaba : sanctuaire au coeur de la Mecque)

Ode_Ibn_Arabi

Il existe une version chantée de ce poème par Amina Alaoui, belle voix arabo-andalouse. Cette interprétation vocale figure sur son disque intitulé "ALCANTARA". Voilà ce qu'elle en dit:

" Il est bien plus simple de traduire Alcàntara au sens propre, qu'au sens figuré; révélateur d'une longue histoire. Alcàntara en arabe signifie : le pont.(...)Plusieurs ponts en Espagne portent ce nom de nos jours, ainsi qu'une ville frontalière du Portugal dans la région d'Extremadura. D'anciens écrits attestent l'existence  du pont Alcàntara (encore actuel) joignant les deux rives du Tage de la ville de Tolède, et bien d'autres disparurent ou furent débaptisés comme Alcàntara Del Darro de Grenade, ou le fort d'Alcàntara de Valence emporté par les inondations en 1080.

Ce que j'entends dans Alcàntara c'est "cantar", un pont de chants qui se conjugue au futur "cantara": chantera. Une histoire qui résonne comme un chant à l'humanité.

(...) Alcàntara constitue un témoignage de ces moments privilégiés de coexistence, de convivialité, de communion de savoir et de dialogue dus au respect des différences, malgré les aléas de l'histoire,et non pas simplement une élégie posthume aux illustres figures du  passé. Cet âge d'or fut! Cela nous renvoie actuellement au problème moral du déni des différences, du racisme et du repli sur une identité autarcique. Serions-nous capables de réinventer un nouvel âge d'or de tolérance ? Cette évocation lyrique peut-elle être une relecture symbolique de l'histoire à travers l'art vers une nouvelle Renaissance à l'aube du XXIèe siècle ? (Amina Alaoui)

C'est cette interprétation que je vous invite à écouter...

http://www.dailymotion.com/video/xl4sy_ode-dibn-arabi


Ode d'Ibn Arabi
envoyé par TooBanal

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