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Photoeil

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4 février 2009

Main noire, manne verte

main_noire_manne_verte_bisJe reviens ici sur une série d'images qui a constitué mon premier travail photographique. Entamé dès 1984, il ne fut exposé pour la première fois qu'en 1993. C'est vous dire que ce corpus est énorme. D'ailleurs, je continue encore aujourd'hui , au gré de mes déambulations et de mes voyages, à l'alimenter d'images nouvelles. En 1999, il fut exposé dans deux espaces différents à Paris (au Couvent des Cordeliers et à la Galerie de l'aéroport d’Orly sud). Quelques images de cette longue série ont été publiées dans Suites marocaines, La jeune création au Maroc, éditions Revue Noire,1999 et dans le livre de Nicole Morin : Artémot écrit.Interactions arts plastiques et apprentissage de la langue..., CRDP Poitou-Charentes, 1996Au Maroc, l'exposition a circulé sous diverses appellations : "Jardins secrets du Moi", "Main noire, manne verte", "Phytogravure" et "A la recherche des mots lierres et des Hamadryades"(voir ici même les albums correspondants).

Les images de ce corpus révèlent, entre autres dimensions, un rite scripturaire singulier dans la mesure où cela ne consiste pas à gratter du papier. L'écriture dont il s'agit ne sent pas le renfermé ni le cadre circonscrit et étriqué de la page et l'écrivain dont il est question troque sans cesse la plume ou le stylo contre la tranchant d'une lame ou d'un stylet. Ce mode d'expression a pour support le bambou, l'agave, le figuier, le tronc du platane, du tremble ou de l'eucalyptus...etc.

Dans ces paradi(gme)s calligraphiques non-hiératiques, dans cette "forêt de symboles", les lettres ne sont plus soumises à ces draconiennes polices de caractères! Rendus à l'état sauvage, les consonnes comme les voyelles bourgeonnent et se ramifient, les syllabes s'affranchissent de la rigueur des lignes pour devenir lierre ou lichen, les mots prennent le maquis, les expressions fleurissent et les pensées se délient comme lianes...

Grafiti_ala

Le végétal! Voilà, sans compromission technologique, la fibre brute du sujet, la dimension vivante de ses élans, la portée muette de ses cris et de ses rêves...


graffiti_27L'image verticale ci-contre a  constitué, sur le plan chronologique, le coup d'envoi de la série. La prise de vue avait eu lieu le long des berges de l'oued Fès. Il y avait une belle concentration de trembles comme on peut le voir sur la photo à droite.graffiti_mab_horiz_mouc (je dis bien "il y avait" car ces arbres ont été lamentablement décimés). Ce qui avait attiré mon regard, c'est le fait que le graffiteur avait gravé sur le tronc le contour de la carte du Maroc avec le message : "We want freedom". Par la suite, j'avais bien constaté  ailleurs la présence d'autres graffiti qui avaient recours à ce même motif cartographique.

graffiti_26

Sur l'image précédente, à l'intérieur de la carte, on relève une date : 85 et le mot arabe "al jafâf " qui signifie "sécheresse". J'ai eu le temps de faire d'autres images de ce même graffiti auquel on avait ajouté d'autres dates car les années de sécheresse continuaient, à cette époque, à sévir dans le royaume.

Une première classification des différents graffiti du corpus peut être opérée en fonction de l'essence de l'arbre support. A titre d'exemple, le tremble offre l'avantage d'un tronc qui rappelle par sa blancheur le bouleau. Il constitue ainsi une page vierge idéale pour les graffiteurs.

graffiti_28 graffiti_mab_horiz_mess graffiti_mab_horiz_coeur

Ce travail a été conçu exclusivement en couleur sur film inversible. Cela se justifie par le fait que, contrairement au mur (surface plane et souvent monochrome), un tronc d'arbre constitue un support vivant à la texture variée et qui présente une palette très riche au chromatisme prononcé et surprenant. De surcroit, un arbre demeure une créature qui se développe et qui réagit à l'incision. De ce fait, chaque essence d'arbre possède, comme une signature, sa propre manière de cicatriser. Certains arbres à l'instar de l'eucalyptus vont jusqu'à générer une couleur particulière qui cerne et souligne de jaune les pourtours du graffiti gravé dans la matière végétale.

graffiti_30

GRAF_17 graffiti_mab_horiz_plag graffiti_mab_horiz_chri


Par ailleurs, avec la ronde des saisons, tel arbre peut voir son écorce s'écailler en fins lambeaux, tel autre la perd ou la renouvelle. En conséquence et selon les fruits du hasard, des pans plus ou moins importants des graffiti subissent les caprices du temps et tombent...Entre ce qui a disparu et ce qui est resté, entre les couches anciennes et les surfaces nouvelles qui se révèlent, il y a la promesse archéologique d'un palimpseste. Mais dans la majorité des cas, l'arbre a la peau dure : très souvent, c'est lui qui a le dernier mot.

GRAF_12

Quand en 1982, à la fin de mes études universitaires, j'avais regagné le pays, je me suis rendu compte qu'il n' y avait pratiquement pas d'expression libre de type "tag" à la manière de celle qui fleurit en Occident sur les murs des cités, dans les stations du métro et sur les rames qui y circulent. J'ai vite fini par comprendre que le marocain a une prédilection significativement marquée pour les supports en bois et pour les matières végétales. Il y a probablement là une survivance des pratiques pré-scolaires où l'apprentissage de l'écriture et de la lecture se faisait (et se fait encore dans les écoles coraniques traditionnelles) sur des tablettes en bois. Il n'est pas exclu non plus d'y voir un besoin d'osmose avec la Nature qui fait que l'Homme se confie à l'arbre afin d'y épancher son trop plein de rêves, d'amour, d'espoir ou de désespoir...

graffiti_25 Graffiti_20 GRAF_9

Dans ce travail, je ne me suis que rarement intéressé au contenu et à la signification des messages gravés: "On sait bien que ce qui fait le graffiti, ce n'est pas à vrai dire ni l'inscription, ni son message, c'est le mur, le fond, la table..."(Roland Barthes, L'obvie et l'obtus, 1982, page 154). Ma démarche avait obéi à un objectif purement plastique. J'ai surtout cherché à travers les fragments saisis à optimiser le rendu de la matière, à mettre en relief l'harmonie des couleurs et des tons végétaux et à valoriser les dimensions picturales et/ou abstraites des signes et des figures de style-t gravés. 

 










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2 février 2009

Désert

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27 janvier 2009

Il n' y a pas de jnouns au Mgoun

carte_itineraire_randonnee_mgoun_RPour ce centième billet de photoeil, il m'a semblé opportun de mettre en ligne une petite sélection d'images d'une randonnée mémorable dans le Mgoun. C'est le deuxième sommet du haut Atlas central. Il culmine à 4068 mètres. Le massif du Mgoun offre au randonneur des paysages sauvages et variés. Les eaux de la rivière qui porte son nom ont taillé et creusé,au milieu d'impressionnantes parois vertigineuses, de profondes gorges. Nous étions un groupe constitué en grande majorité de photographes. Nous avions engagé un guide professionnel, un cuisinier et des muletiers. Nous avions choisi de faire une boucle de 10 jours de marche autour du Mgoun (afin de ne pas revenir sur nos pas). Nous avions opté dès le départ pour un parcours pieds dans l'eau. Mais il y avait quelques cols à franchir à notre menu. Point de départ: Tabbant. Point ultime du parcours en direction du sud: Bou Taghrar à 70 kilomètres de Qalaat Mgouna où a lieu début mai de chaque année le célèbre festival des roses.

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m9 m7 m15
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Si vous ne craignez pas les jnouns (= djinns), cliquez sur chaque image

J'ai mis le reste des images dans l'album Trek dans le Mgoun. Cet album sera étoffé par d'autres images au fur et à mesure que seront scannées les diapositives de cette randonnée.

Par la même occasion, j'ai rendu accessibles les images d'une autre virée dans l'Atlas : album Trek dans la Tassaout. Que demande le peuplier ?



26 janvier 2009

Le café du thé

fruitsPour le retour, nous avions préparé un petit sac pour les fruits, un autre pour les sandwichs afin de pique niquer sur la route. Mais il soufflait un vent violent et glacial. Nous avons fini par trouver refuge au "Café du thé". Comme son nom l'indique, la carte se limite strictement au thé vert: ni café, ni soda, ni jus de fruit...Et aucune commodité : ni lumière, ni toilettes..., juste quatre murs sinistres!
En dehors du gérant monothéiste, il n'y avait pas âme qui vive! Le thé était brûlant, amer et noir comme un café!
A la réflexion, c'était un panaché!

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22 janvier 2009

Silence, ça pousse!

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Cliquez sur chaque image pour suivre la sève...

 

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19 janvier 2009

Le cercle des poètes s'élargit

Pour élargir ce cercle, rien de plus simple!

Du sable, un brin d'herbe sismographe et le souffle éolien de votre imagination...

Choisissez votre fusée horaire et assumez votre libre orbite...

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Cliquez sur chaque image pour en élargir le cercle


P1090691Aujourd'hui mardi 20 janvier 2009, réouverture de too banal avec un billet intitulé " Tableau de chasse ". A bientôt !

17 janvier 2009

wc-douches kit en vain

douche7A proximité des aires pour bivouac, certains aubergistes ont aménagé des espaces toilettes-douches. Probablement des kits importés de l'étranger. Avec le temps et l'avancée irrémédiable du sable, ces installations deviennent caduques. Le sable s'insinue de partout, bouche les trous d'évacuation et remplit les vasques des lavabos...
Les musulmans ont depuis longtemps trouvé la parade à ce problème puisque quand l'eau fait défaut, ils peuvent faire leurs ablutions rituelles avec du sable!

douche1               douche5              douche2         
douche6 douche3 douche4

Cliquez sur chaque image pour la voir en grand

15 janvier 2009

Comme un haïku ou un trois mâts

haiku1
haiku2

Aux couleurs de la nuit
vous chantez doucement.
Du noir sur le noir
voilà ma complainte.
Je trouverais de l'espoir
dans un seau de goudron.
Vous êtes les petits temples
incertains
de la certitude,
vous êtes des nids de poussière
tout juste bons
à étouffer le cri
pour quelque temps.
Je joue tout seul
sans partenaire,
ne fermez pas les yeux,
je vous parle peut-être
mais je n'en suis pas sûr.

Objets de pauvreté
vous êtes ma richesse
au cœur du désespoir.
Chaque chose a son histoire
elles parlent entre elles
pour raconter la mienne.
Vous êtes cadeaux d'abandon
cloués de parcelles de joie
en éclats brefs.
Fragiles animaux
en vos frêles bicoques,
vous jouez à des jeux idiots,
la tristesse et la douleur
n'en sont pas absentes.
Vous jouez avec moi,
et je joue avec vous,
ceux qui nous regardent
ont quelquefois
le sourire aux lèvres
alors nous avons gagné
au jeu de la vie.
Nous avons gagné un tour de plus.
De-ci de-là couci-couça
objets précaires vous parlez pour moi,
aujourd'hui j'ai envie de me taire.

L'alphabet des choses parle pour moi.
Bouche cousue
je vous parle en aveugle,
bouche cousue.
Silencieux est l'alphabet des choses,
c'est un spasme immobile
gelé par la colle.
Ce sont objets d'abandon,
bouquets de débris,
ce sont les murmures de l'errance,
travail des mains folles,
en crises.
Objets du hasard
je cherche un chemin
qui n'existe pas
dans une ville inconnue.
Des jalons pour demain
s'il veut bien exister.
Vous n'avez pas de sens
si ce n'est celui de ma tendresse.
Image d'enfance à jamais perdue.
Vous n'avez pas de sens
si ce n'est par vous
de retrouver l'étincelle
dans le regard de mon amie.
Beaux à mes yeux
comme un sourire dans un hôpital ;
fait de rien
fait de tout.
Vous êtes ma raison
vous êtes ma folie.
Vous êtes le fil sur lequel je marche
pour aller je ne sais où.
Un jour dans l'autre
attendant le miracle.
Je vous fais
je vous défais,
il n'est pas quotidien
loin s'en faut,
il est l'aumône
que la vie me fait parfois.
Je vous trouve comme
on vous a perdus,
pour chercher quelque chose
couleur d'imprévu.
Par un geste parfois
j'aide à votre rencontre.
Je scelle par un sourire
le mariage de la carpe et du lapin.

 

Louis Pons, extraits de "L'objet et le reste", réédition Fata Morgana, 2008.

12 janvier 2009

Face de lumière

En fin de journée, il est pratiquement impossible de trouver un petit pan de dune jaune exempt de toute empreinte humaine ou animale. Pour que les dunes retrouvent un tant soit peu leur fraîcheur virginale et leur superbe, il faut laisser la nuit au vent pour qu'il oblitère toute trace...
Ce matin, nous avions comme objectif d'atteindre la plus haute dune. Je prenais les devants pour bénéficier de lignes de crêtes non piétinées.

3_ombres 3_ombres2 3_ombres_3

Chemin faisant, j'ai aperçu au loin sur le flanc de la dune opposé au soleil un jeu d'ombre et de lumière qui évoque une figure humaine de profil.

face_de_lumiere face_de_lumiere4
face_de_lumiere2 face_de_lumiere3
Cliquez sur chaque image pour l'agrandir

11 janvier 2009

Tension

"Photographier c'est mettre sur la même ligne de mire la tête, l'oeil et le coeur. C'est une façon de vivre."
Henri Cartier-Bresson


tension_de_l_arc

Cliquez sur l'arc pour mieux voir la cible...

Je voudrais parvenir au cœur
          Des choses, en toutes:
          Dans l'œuvre, les remous du cœur,
          Cherchant ma route.

  À l'essence des jours passés,
          Leur origine,
          Jusqu'à la moëlle, jusqu'au pied,
  À la racine.

          Des faits, des êtres sans arrêt
          Saisir le fil,
          Vivre, penser, sentir, aimer
          Et découvrir.

  Ô, le pourrais-je, je ferais,
          Fût-ce en fraction,
          Huit vers pour peindre les grands traits
          De la passion:

          Ses injustices, ses péchés,
          Fugues, poursuites,
          Coudes et paumes, imprévus
  À la va-vite.
 

 

Et je déduirais ses raisons
          Et sa formule,
          Je répéterais de son nom
          Les majuscules.

          En vers tracés comme un jardin
          Vibrant des veines
          Des tilleuls fleuris un à un
          En file indienne.

          J'y mettrais la senteur des roses
          Et de la menthe,
          Les prés, la fenaison, l'orage
          Au loin qui gronde.

          Tel des fermes, bois et jardins
          Et sépultures
          Le miracle enclos par Chopin
          Dans ses études.
 

 Le jeu du triomphe accompli
          Et son tourment,
          C'est la corde qui se raidit
          Quand l'arc se tend.

         

          (Poème de Boris Pasternak, 1956, traduit par Michel Aucouturier)
                   

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