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Derniers commentaires
19 septembre 2008

Au risque des 1001 ennuis

Frère regarde

Ce soir, les nuages qui longent
Les lèvres du Nil
Ne pourront plus être aimées;

Ce soir le ciel du Rub'al-khâli
A la bouche pleine de sable.
Dans un désert frère, mon frère
Les grandes pyramides se taisent
Du poids des siècles et des traditions
Sur les hurlements barbelés
D'une enfant qu'on excise
D'une fleur de femme qu'on infibule.

C'est la loi du silence, du désert
Et du droit de l'Homme
Sur l'entre-jambe.

Frère, écoute
Ce chuchotement lointain
Qui meurt au détour d'une main
De dune.

Camille Delnoy, Au risque des 1001 nuits, in Faits divers, poésie, La Longue Vue

arbuste_reg0016


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5 septembre 2008

Mine de rien

ruines_mines

23 août 2008

A suivre...

caravane_monstrueuse0008

5 juillet 2008

Le plateau vide de la balance

Aujourd’hui je n’ai rien fait.
Mais beaucoup de choses se sont faites en moi.
Des oiseaux qui n’existent pas
ont trouvé leur nid.
Des ombres qui peut-être existent
ont rencontré leurs corps.
Des paroles qui existent
ont recouvré leur silence.
Ne rien faire
sauve parfois l’équilibre du monde,
en obtenant que quelque chose aussi pèse
sur le plateau vide de la balance.

Roberto  JUARROZ

faux0068


23 juin 2008

Post-scriptum de tous les rebuts

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J'ai duré des heures ignorées, des moments successifs sans lien entre eux, au cours de la promenade que j'ai faite une nuit, au bord de la mer, sur un rivage solitaire. Toutes les pensées qui ont fait vivre des hommes, toutes les émotions que les hommes ont cessé de vivre, sont passées par mon esprit, tel un résumé obscur de l'histoire, au cours de cette méditation cheminant au bord de la mer. J'ai souffert en moi-même, avec moi-même, les aspirations de toutes les époques révolues, et ce sont les angoisses de tous les temps qui ont, avec moi, longé le bord sonore de l'océan. Ce que les hommes ont voulu sans le réaliser, ce qu'ils ont tué en le réalisant, ce que les âmes ont été et que nul n'a jamais dit - c'est de tout cela que s'est formée la conscience sensible avec laquelle j'ai marché, cette nuit-là, au bord de la mer. Et ce qui a surpris chacun des amants chez l'autre amant, ce que la femme a toujours caché à ce mari auquel elle appartient, ce que la mère pense de l'enfant qu'elle n'a jamais eu, ce qui n'a eu de forme que dans un sourire ou une occasion, à peine esquissée, un moment qui ne fut pas ce moment-ci, une émotion qui a manqué en cet instant-là - tout cela, durant ma promenade au bord de la mer, a marché à mes côtés et s'en est revenu avec moi, et les vagues torsadaient d'un mouvement grandiose l'accompagnement grâce auquel je dormais tout cela.

 

Nous sommes qui nous ne sommes pas, la vie est brève et triste. Le bruit des vagues, la nuit, est celui de la nuit même; et combien l'ont entendu retentir au fond de leur âme, tel l'espoir qui se brise perpétuellement dans l'obscurité, avec un bruit sourd d'écume résonnant dans les profondeurs! Combien de larmes pleurées par ceux qui obtenaient, combien de larmes perdues par ceux qui réussissaient! Et tout cela, durant ma promenade au bord de la mer, est devenu pour moi le secret de la nuit et la confidence de l'abîme. Que nous sommes nombreux à vivre, nombreux à nous leurrer! Quelles mers résonnent au fond de nous, dans cette nuit d'exister, sur ces plages que nous nous sentons être, et où déferle l'émotion en marées hautes!

Ce que l'on a perdu, ce que l'on aurait dû vouloir, ce que l'on a obtenu et gagné par erreur; ce que nous avons aimé pour le perdre ensuite, en constatant alors, après l'avoir perdu et l'aimant pour cela même, que tout d'abord nous ne l'aimions pas; ce que nous nous imaginions penser, alors que nous sentions; ce qui était un souvenir, alors que nous croyions à une émotion; et l'océan tout entier, arrivant, frais et sonore, du vaste fond de la nuit tout entière, écumait délicatement sur la grève, tandis que se déroulait ma promenade nocturne au bord de la mer...

Qui d'entre nous sait seulement ce qu'il pense, ou ce qu'il désire? Qui sait ce qu'il est pour lui-même? Combien de choses nous sont suggérées par la musique, et nous séduisent par cela même qu'elles ne peuvent exister! La nuit évoque en nous le souvenir de tant de choses que nous pleurons, sans qu'elles aient jamais été! Telle une voix s'élevant de cette paix de tout son long étendue, l'enroulement des vagues explose et refroidit, et l'on perçoit une salivation audible, là-bas sur le rivage invisible.

Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquillité.

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Cliquez sur les images pour les voir en grand!

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13 juin 2008

Posséder, c'est perdre.

L'art nous délivre de façon illusoire, de cette chose sordide qu'est le fait d'exister...
En art, il n'y a pas de désillusion, car l'illusion s'est vue admise dès le début.
Le plaisir que l'art nous offre ne nous appartient pas, à proprement parler :
nous n'avons donc à le payer ni par des souffrances, ni par des remords...
Par le mot art, il faut entendre tout ce qui est cause de plaisir sans pour autant nous appartenir : la trace d'un passage, le sourire offert à quelqu'un d'autre, le soleil couchant, le poème, l'univers objectif.

Posséder c'est perdre.

Sentir sans posséder, c'est conserver, parce que c'est extraire de chaque chose son essence.

Poème de Fernando Pessoa

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Le 13 juin 1888 naît à Lisbonne Fernando António Nogueira Pessoa.


2 juin 2008

Grimoire des sables

alphabet

free music
26 mai 2008

Révérence

Reverence

Notre écriture à nous, au Hoggar,
est une écriture de nomades
parce qu'elle est tout en bâtons
qui sont les jambes de tous les troupeaux.
Jambes d'hommes, jambes de méhara,
de zébus, de gazelles,
tout ce qui parcourt le désert.
Et puis les croix disent si tu vas à droite
ou à gauche. Et les points, tu vois, il y a
beaucoup de points. Ce sont les étoiles
pour nous conduire la nuit, parce que nous,

les sahariens,
nous ne connaissons que la route,
la route qui a pour guide, tour à tour,
le soleil et puis les étoiles.
Et nous partons de notre coeur,
et nous tournons autour de lui
en cercles de plus en plus grands,
pour enlacer les autres coeurs
dans un cercle de vie, comme l'horizon
autour de ton troupeau et de toi-même.

(Poème touareg. )

D'autres poèmes d'Orient ici


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12 mai 2008

Les tenants et les aboutissants

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25 avril 2008

Dans l'étendue de la grande solitude

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Quand je parcourus donc, et plusieurs fois, cette majâbat al-Koubrâ -littéralement : étendue de la Grande Solitude-, autrement nommée par d'autres (...), j'avais un but, selon moi essentiel et sans lequel aucun voyage n'a d'intérêt: l'étude scientifique. Et par là j'entends -mes carnets en témoignent- le ramassage systématique de tout artefact: insecte, plante, caillou ordinaire ou caillou dont la présence étonne, un répertoriage soigneux des roches, croquis descriptifs d'affleurements, dénombrement des cordons dunaires, puis aussi une numérotation efficace des échantillons prélevés, le compte rendu des températures, des heures de lever, de départ et d'arrivée, du nombre de traces de tel ou tel animal croisées, des quantités de boisson absorbées et restituées...Bref, de tout ce qui  constitue une vision scientifique du monde, jamais ou le moins possible dépendante de l'observateur, et se refusant systématiquement à tenir compte des états d'âme de celui-ci, de son degré de fatigue ou de ses velléités poétiques ou esthétiques dans des sites qui, fréquemment, mériteraient d'être plus accessibles aux peintres. Pour moi, cette étude scientifique que d'aucuns considèrent austère et charabiesque, est ce qui peut emplir un lieu vide à première apparence, donner un langage à l'indicible, enrichir un espace, si pauvre soit-il au premier regard et, cela n'est pas contradictoire, autorise parfaitement l'imaginaire, voire aide à le développer.

Théodore Monod (1996) Majâbat Al-Koubrâ, Actes Sud, Terres d'aventure, page 16

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